UN DIMANCHE À RADIQUERO ANNÉES 50-60
- A. Sampietro
- 27 mars
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 29 mars
Août 2022
Tôt le matin, de la fumée sort des cheminées.

Le maître ou la maîtresse de la maison se sont levés tôt pour commencer la première fonction de la journée : allumer le feu. Au foyer, au sol et autour de la cadiera (banc en bois). Un gros tison de chaque côté pour tenir le feu et au centre de fines branches des fagots du bûcher, pour allumer de minces tisons jusqu’à ce qu’il devienne des braises. On cuisinait avec des poêlons, des casseroles, des peroles ou la marmite suspendue aux crémaillères à la chaleur des braises. Presque personne n'avait de poêles â bois ou â charbon et beaucoup moins cuisiers électriques ou au butane.
Pendant ce temps, le maître jeûnait une coupe d'anis de Colungo avec un biscuit ou de la vanille. Ils disaient que c'était pour tuer le ver.
Après s’avoir ocuppé des animaux de la maison : des écuries, des poules, des lapins, des lardons venaient le déjeuner pour la famille. Parfois, des pharynètes ou des haricots qui étaient restés la veille.
Ensuite venait le repos parce que le dimanche était sacré, normalement on ne travaillait pas, on respectait le troisième commandement de la loi de Dieu qui dit « Tu sanctifieras les Fêtes » qui, joint au premier de ceux de l'Eglise, implique « Entendre la Messe entière tous les dimanches et Jours saints ». Au milieu de la matinée, la messe était célébrée, on donnait trois coups de cloche espacés, le premier, le deuxième et au troisième commençait déjà la messe.

Beaucoup de gens y assistaient et à la sortie ils fréquentaient les voisins sous la forme de discussions animées.
Les jeunes allaient au magasin de José Madonar ou Mairal pour s'allonger une « barracha », un mélange d'anis et de muscat, accompagnée des olives vertes qui venaient dans des cruches à large ouverture et étaient retirées avec une louche en bois percée de trous. Si c'était le premier dimanche du mois, les deux Mairalesas, faisaient le tour des maisons, chacune portant un plateau. Elles frappaient aux portes avec un petit maillet en bois en disant «les Mairalesas», puis elles collectaient l'argent que les gens pouvaient donner et qu’on utilisait pour l'Église. Les mairalesas étaient nommées et changées chaque année le dimanche d'octobre le plus proche de Notre-Dame du Rosaire.

Après c’ètait le temps du match de pelote à main nue sur le fronton mais comme cela a déjà été écrit de manière très complète on ne va pas revenir au même sujet.
Terminé le match, chacun rentrait chez lui pour manger. L'après-midi, les hommes plus jeunes suivaient les matchs de pilote et les plus âgés jouaient aux cartes au café de Pablo Sampietro, les femmes à la maison avec leurs tâches. Il y avait aussi un chapelet pour ceux qui voulaient y assister. Parfois les jeunes filles allaient prendre le goûter au lavoir de Cananella qui, à ce moment, était très beau et grand. C'est dommage qu'il ait été perdu, je ne sais pas pourquoi il a eté couvert de débris. Désormais il serait aujourd'hui un bijou de valeur historique. Dans presque tous les villages, ils ont été récupérés et conservés car il s'agit d'un souvenir important dans l'histoire des villages.
Le soir venu, puisque le téléphone et la télévision n'étaient pas encore arrivés, les divertissements étaient sur la route, en attendant l'arrivée des voitures de ligne. Nous étions tous là-bas, enfants, jeunes, garçons et filles. Les filles bien habillées, très belles avec leurs meilleures robes, alors elles ne portaient pas encore de pantalon. Elles se promenaient bras dessus bras dessous les unes aux autres sur toute la largeur de la route, parfois jusqu'à deux rangées, car il ne roulait presque pas des voitures. Les enfants courant et jouant et les garçons autour des filles. Un peu écartés, certains couples se courtisent parce que tout au long de ces années, il y a eu une vingtaine de mariages, tous du même village.

L'arrivée des voitures de ligne était l'événement du soir. Il arrivait d’abord le Huesca-Arcusa et une demi-heure plus tard le Barbastro-Adahuesca. Ils se croisaient sur le pont de Colungo et là les voyageurs de la montagne en venant de Barbastro faisaient le transbordement. On pouvait aller tous les jours à Huesca et Barbastro, en sortant le matin et en revenant le soir, il y avait un bon service
.Pour terminer la journée il y avait du bal dans la salle du secrétariat de la mairie, c'est maintenant le bar actuel. Pablo Sampietro y Mairal jouaient la musique avec une guitare et une bandourria. Les chansons les plus populaires étaient « Maria Cristina veut me gouverner » et «Precieuse, tu m’arraches». Ensuite Manolo Gorgonio (père) a acheté une gramole avec des disques vinyles de la maison Regal et La Voix de son Maître, dont l'anagramme était un chien avec un mégaphone très grand.

On descendait un câble avec haut-parleur du balcon de la salle à manger de sa maison et à travers la fenêtre du salon on l’accrochait au mur intérieur. On dansait accroché en couple, il n'y avait pas encore de danse en liberté. Manolo touchait un montant modique, car il devait payer les disques et l’électricité, ils ne payaient que les garçons, pas les filles.

Et ainsi finissait la journée, il fallait commencer la semaine lundi et travailler dans l'espoir que le prochain dimanche arriverait pour répéter à peu près la même chose. Avec tout ça je pense que nous étions heureux.
mairalesa: dans cette region, femme qui s'occupe des soins de l'église
Certaines photos sont de stock et ne correspondent pas au lieu ni au moment
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