Mariages dans les années 60
- A. Sampietro
- 25 avr.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 mai
Septembre 2024

Les mariages étaient un événement religieux et social très important, en particulier pour les futurs époux et leurs familles. Cette union assurait la continuité de la maison qui à l’époque était une priorité, et augmentait les membres de la famille. Jusqu'à quatre générations pouvaient vivre ensemble: grands-parents, parents, enfants et petits-enfants et parfois même un oncle. Au début, les nouveaux mariés étaient souvent surnommés « les jeunes », « le jeune de la maison tel » ou « la jeune de la maison quel ». Pour chacun des mariés, le fait que l'un d'eux ait dû quitter sa maison pouvait entraîner un changement total de vie.
Les mariages étaient aussi importants pour le reste du village, en plus de consolider les maisons et leur entretien en fixant la population, il y aurait aussi des enfants qui aideraient à remplir l'école, courir et jouer en criant dans la rue, parce qu'un peuple sans enfants dans la rue est un peuple triste, sans avenir.
Au milieu du siècle dernier, il y a eu beaucoup de mariages, environ vingt où le marié et la mariée étaient de Radiquero. Il y a eu beaucoup d'autres femmes qui sont descendues de la montagne pour se marier avec des hommes de Radiquero, en particulier des Meleses. Il y avait là un monsieur qui, l'après-midi précédant un mariage, chantait « petit village Les Mélèses, tu peux déjà te réjouir à cette heure de demain d'une montagnaise de plus » et « j'ai brisé le feu » en disant qu'il avait été le premier à se marier avec une femme qui habitait à la montagne. Elles sont venues de Las Bellostas, Pueyo de Morcat, Arcusa, Barcabo, Almazorre, Lecina, Betorz, Las Almunias ...

Les jeunes hommes invités par le marié arrivaient au mariage dans le camion de Lascorz ou Nasarre de Adahuesca assis sur des bancs qu'ils mettaient dans la boîte. Il n'y avait ni bus, ni voitures. J'ai vu arriver la première voiture et le premier tracteur à une maison de Radiquero.
Un sujet très important pour la mariée était son jobar (trousseau) qu’elle montrait avec enthousiasme à ses amies et amis, les habits qu'elle apportait à la maison du mari, des parures de lit, des draps, des couvre-lits, des serviettes, des nappes, certaines brodées avec primeur par elle-même et dans la plupart des cas par sa mère qui pendant des années les avait préparés pour le jour venu. Elle montrait aussi les cadeaux qu'ils avaient reçus.

Le jour du mariage à l'heure indiquée tous les invités de l’époux précédés par le marié du bras de sa marraine, sortait de sa maison pour aller chercher la mariée chez elle qui les attendait avec ses propres invités. De là, la mariée devant au bras de son parrain, tout de suite le marié avec sa marraine, et puis tous les invités ensemble se rendaient à l’église où le prêtre les attendait. Deux fillettes vêtues de blanc accompagnaient la mariée en portant un plateau avec les alliances et un gâteau qu’on nominait d’« arras » (piéces de monnaie) qui, à la fin de la cérémonie, était distribué aux personnes assistant à la messe. Les célébrations étaient toujours pour l'Église; les mariages civils n'étaient pas encore arrivés.

Une curiosité bien particulière était que le reste des villageois qui n'avait pas été invités, surtout les femmes, se rendait sur la place pour « voir la mariée ». D'habitude, elle était habillée en blanc, mais à l’occasion, en noir (si la maison était en deuil que durait deux ans). Q
À la fin de la cérémonie et après la signature des témoins, quand les mariés étaient sortis par la porte de l’église, il commençait le bruit des bombettes (1) que les jeunes hommes faisaient exploser et la pluie de « peladillas» (dragées) qu'ils jetaient aux mariés.
Nous, les enfants courrions comme des fous pour les attraper par terre jusqu'à avoir les poches bien remplies. Nous n'avions pas beaucoup de friandises à l’époque. Maintenant, on jette du riz.
Puis venaient les félicitations et les câlins et puis le banquet qui se faisait généralement chez la mariée. On embauchait une personne pour aider dans la cuisine. Autrefois, les menus étaient simples, du bouillon, des hors-d’œuvre et surtout de la viande rôtie ou en ragoût. Parfois, s'il y avait beaucoup d'invités, il fallait emprunter de la vaisselle et des chaises à un voisin. Il n'y avait ni l’habitude d’aller aux restaurants, ni des moyens pour s’y déplacer.

Normalement, la fête se terminait avec un bal auquel pouvaient assister ceux qui n'avaient pas été invités et on leur offraient du gâteau de noce et du café.
Et le lendemain, les mariés commencent leur lune de miel, et les autres essaient de digérer la gueule de bois à cause des excès, en particulier de la boisson. Quelqu'un avait mis fin à la fête plus tôt qu’il ne l’aurait voulu et finissait par dormir dans la botte de foin.
Un autre commentaire faitles jours suivants était que s'il y avait eu beaucoup de bruit de bombetas et de peladillas c’était le mariage d’une maison riche.
Puisse ce récit nous rappeler que le contenu de cette histoire a été la construction de nos vies et ne pas oublier que grâce à elle, d’une manière ou d’une autre, nous sommes arrivés jusqu’ici.
1-Bombeta : Pétard rustique composé de poudre et de fragments de silex qui explose par impact
Ce sont des photos de stock et ne correspondent pas au lieu ni au moment. Il n’y avait pas de photographes aux mariages des années 60 à Guara.
Comments